Le tabac Tresniek de Robert Seethaler

Bonsoir,

Ma dernière lecture de l’année 2015 et pas des moindres, un vrai petit bijoux d’innocence sur fond de nazisme….eh oui, Mr Seethaler je vous tire mon chapeau pour avoir décrit la montée du nazisme de manière si simple avec un regard si innocent et pure.

Comme vous l’avez compris ce roman est un coup de ❤ , je vous donnerais un peu plus de détail après avoir fait les présentations 😉

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4ème de couverture

En août 1937, le jeune Franz Huchel quitte ses montagnes de Haute-Autriche pour venir travailler à Vienne avec Otto Tresniek, buraliste unijambiste, bienveillant et caustique, qui ne plaisante pas avec l’éthique de la profession. Au Tabac Tresniek, se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive de la Vienne des années trente.
Si les rumeurs de la montée du national-socialisme et la lecture assidue de la presse font rapidement l’éducation politique du montagnard mal dégrossi, sa connaissance des femmes, elle, demeure très lacunaire. Ne sachant à quel saint se vouer avec Anezka, la jeune artiste de cabaret dont il est éperdument amoureux, il va chercher conseil auprès du «docteur des fous», Sigmund Freud en personne, client du tabac et grand fumeur de havanes, qui habite à deux pas. Bien qu’âgé et tourmenté par son cancer de la mâchoire, le professeur va finir par céder à l’intérêt tenace que lui témoigne ce garçon du peuple, vif et curieux.
Mais les temps ne sont guère propices aux purs et, dès mars 1938, l’Anschluss va mettre un terme brutal à l’apprentissage de Franz et à sa prestigieuse amitié. Otto Tresniek, peu disposé à boycotter sa clientèle juive, s’attire les foudres de la Gestapo, tandis que Freud se résigne à émigrer en Angleterre.
Par la grâce d’une langue jubilatoire, d’une intrigue où la tension ne se relâche pas, et de personnages forts et attachants, voici un roman qui se lit d’un trait. L’humour viennois d’Otto Tresniek et de Freud est la politesse du désespoir dans une société déboussolée où ils ne trouvent plus leur place. Pas plus que leur protégé, plein de vie et de poésie, qui tentera pourtant, fidèle à leur enseignement, de nager à contre-courant.

Mon avis

La couverture ne paye pas de mine et le titre est assez …. comment dire « bizarre ». Mais bon ma belle-mère et la tante de mon homme me l’ont mis dans les mains en m’en disant tellement de bien que je ne pouvais pas refuser.

Je me plonge donc dans l’Autriche juste avant la montée du nazisme …. et là je rencontre Franz, « l’innocent sage ». Ce jeune homme est naïf, attachant et il a un regard sur le « monde fou » qui l’entoure tellement innocent et touchant que tout comme Otto ou Freud nous avons envie de le guider, de lui ouvrir les yeux.

Otto est un personnage haut en couleur qui se tient droit sur ses béquilles. Quand à Freud, il est vieux mais philosophe et bien sûr psychologue et, à sa manière il tente d’expliquer le monde à Franz (qui est sa bouffée d’air face aux événements)

Même si l’histoire est intéressante et les personnages attachants ce qui m’a le plus interpellé, touché c’est la plume de l’auteur. J’ai été très impressionné par sa manière de faire passer des informations tout en délicatesse….la lecture glisse. (Désolée l’extrait va être un peu long, mais j’ai du le relire à 2 reprises avant d’en voir toute l’horreur….comme la montée du nazisme par petite pointe perdue dans le quotidien)

[…] le matin du 17 mai 1938, l’été fit son apparition. Une plaisante brise tiède chassa des rues la fraîcheur nocturne, qu’elle expédia au dessus de la plaine du Danube […]. Dans toute la ville (Vienne), on ouvrait les fenêtres, on secouait les couettes et les coussins, et les plumes de duvet planaient dans l’air comme de petites fleurs blanches. Tôt le matin, les files de ménagères et d’ouvriers s’allongeaient devant les boulangeries, ça sentait les petits pains frais et le café. Les premiers tramways sortaient des dépôts en grinçant paresseusement, et par endroit, fumait sur le pavé, le crottin des Hafflingers qui transportaient le lait. Au Naschmarkt, les maraîchers avaient sorti leurs marchandises depuis longtemps, et, devant le vieil étal de Monsieur Podgacék qui était encore plus vieux que son étal, les premières retraitées se disputaient déjà les choux-fleurs les plus gros et les pommes de terre les plus farineuses. Dans la grande allée du Prater, les haltérophiles du club des employés du tram se retrouvaient pour un dernier entraînement en plein air avant la grande compétition qui les opposerait à la Germania. Ils étiraient mollement leurs membres en bâillant, le regard perdu au-delà des cimes des marronniers, où les gondoles de la Grande Roue étincelaient dans le soleil matinal. Dans les caves de l’immeuble de la Gestapo, à l’ancienne buanderie de l’hôtel Métropol, quinze commerçants juifs avaient dû se déshabiller et attendaient nus, les mains sur la tête, qu’on vienne les chercher pour les interroger un à un. Leurs vêtements formaient au centre de la pièce un tas pointu, terminé par une casquette à carreaux bosselé qui rappelait celle des acteurs de films muets américains. Sur le quai […] quatre cent cinquante-deux prisonniers politiques, entassés dans les wagons de queue d’un train spécial, attendaient d’être transportés à Dachau. Sur le quai d’en face, une vielle femme et un petit garçon assis côte à côte mordaient à tour de rôle dans une grande tartine beurrée. Bien au-dessus d’eux, sous le toit de la gare, quelques hirondelles sortaient en s’ébrouant d’un coin d’ombre et disparaissaient […]. Lorsque retentit le sifflement strident du départ et que le train s’ébranla, le petit garçon sauta du banc et courut en riant et en agitant la main le long du quai. A ce moment se produisit quelque chose d’étrange : tous les prisonniers aux fenêtres agitèrent la main à leur tour.

Le fait qu’il n’y ai pas de chapitre donne encore plus cette impression de fluidité.

On voit ou plutôt on ressent la montée du nazisme : des actes individuels, le fait de fermer les yeux, de cacher la vérité pour protéger ceux qu’on aime…

Les 20 dernières pages, on sait qu’il va se passer quelque chose dans la vie de Franz… et l’idée est bien trouvé.

Conclusion

Une histoire touchante (même si je trouve que le mot ne convient pas u vu du thème abordé, je n’en trouve pas d’autre) qui donne un éclairage nouveau sur la montée du nazisme en Autriche (à un plus petit niveau, pas national mais humain)

Un sujet qui finalement reste d’actualité

Un coup de ❤ pour finir l’année en « beauté »

Bonne lecture !!! 😀

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